Séminaire GMT: Électrification dans les zones rurales d’Afrique

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Céline Cholez

Enseignante-chercheure en sociologie, Membre PACTE – Laboratoire de sciences sociales, Grenoble-INP

Résumé

Au cours des trois dernières décennies, de nouvelles solutions d’électrification hors réseau telles que des micro-réseaux et d’autres solutions solaires (kits, kiosques, etc.) sont passées du statut d’initiatives dispersées conduites par des ONG et des acteurs privés, à un modèle crédible promu par les organisations internationales de développement pour l’électrification des zones rurales, en particulier en Afrique. Longtemps considérés comme peu attrayants, les mini-réseaux et autres dispositifs solaires bénéficieraient aujourd’hui de multiples conditions favorables : avancées technologiques majeures dans le domaine des énergies renouvelables (panneaux, batteries), production industrielle chinoise abaissant fortement les prix, réformes institutionnelles en Afrique permettant d’inclure ces solutions dans les grands programmes nationaux d’électrification  et enfin ouverture au secteur privé, censé garantir la viabilité économique et technologique des infrastructures. Cependant, si le développement de ce marché nécessite des investissements importants (expertise, financement, etc.), les acteurs et les experts en développement admettent que, au-delà des “Success Stories”, une grande partie des projets survivent à peine, voire échouent. Après dix années de travail ethnographique sur le terrain, en particulier à Madagascar et au Sénégal, et de collaboration avec des collègues chercheurs en innovation frugale ainsi que des ONG et industriels, nous observons que le développement de l’électrification rurale reste très lent, qu’il n’existe pas d’évaluation systématique de la durabilité des projets hors réseau et que ces systèmes restent vraiment fragiles et vulnérables. Nous proposons d’explorer dans cette présentation les tensions et les contradictions de leur mise en œuvre dans les économies africaines rurales.

 

Biographie

Diplômée d’une thèse en sociologie, Céline Cholez enseigne depuis 2001 à Grenoble-INP Génie industriel en tant que maître de conférences en sociologie. Elle appartient au Laboratoire PACTE (https://www.pacte-grenoble.fr/) qui rassemble politistes, sociologues, géographes et urbanistes. Elle est Responsable de l’axe Risques Collectifs, Vulnérabilité et Résilience de la Maison des Sciences de l’Homme-Alpes. Ces travaux de recherche s’inscrivent dans le domaine de la sociologie de l’activité et visent à établir, à partir d’une perspective ethnographique multi-située, la manière dont les acteurs individuels et collectifs parviennent à accomplir leurs tâches et soutenir la réalisation de divers processus (industriels ou marchands) en répondant aux multiples aléas et perturbations « normales » qui affectent couramment ces processus. Son cadre théorique s’inscrit dans un continuum de travaux qui relie la philosophie pragmatique, l’ethnométhodologie, l’interactionnisme, les théories de la cognition distribuée et de l’action située et l’ANT. Les compétences mises en œuvre dans l’action relèvent d’une confrontation aux situations (qui sont autant de dilemmes de coopération de personnes et d’objets), au carrefour d’enjeux de raisonnement et de qualification. Elle s’intéresse particulièrement aux situations d’interface, aux enjeux de coordination entre multiples scènes d’action, et au travail d’articulation, lieu privilégié où risques et aléas sont exacerbés en raison des ruptures de continuité.

Informations sur le site de Polytechnique Montréal.

This content has been updated on 2018-11-21 at 8 h 43 min.