L’EDI : la justice sociale jusqu’à IA 

par Nicolas Sacchetti

À l’ère numérique, il est nécessaire de mobiliser les talents afin d’accompagner les transformations majeures en cours. Selon IVADO, les femmes sont particulièrement sous-représentées dans le domaine de la science des données, de l’université au marché du travail.

C’est au travers du principe d’équité – diversité – inclusion, mieux connu sous l’acronyme EDI qu’IVADO, institut québécois dédié à l’accélération de la transformation numérique, aborde la question de justice sociale afin de promouvoir l’innovation inclusive.

« À mesure que le numérique et, demain, 

l’intelligence artificielle (IA) deviennent omniprésents dans nos vies, [le] manque de diversité [dans les sciences informatiques] peut conduire les algorithmes à reproduire des biais cognitifs – souvent inconscients – dans la conception des programmes, l’analyse des données et l’interprétation des résultats. L’un des grands défis de l’IA consiste donc à parvenir à une meilleure représentativité de nos sociétés, » mentionne le Rapport de mission de Cédric Villani de mars 2018.

En mai dernier, lors de la préconférence P4IE de 4POINT0, Gabrielle Langlois, conseillère aux partenariats et à l’entrepreneuriat chez IVADO, présentait le cadre de référence EDI de l’Institut.

Il est basé sur l’approche de la professeure Londa Schiebinger, The Three Fixes (Les trois correctifs). Elle est directrice du Projet sur les innovations sexuées des domaines de la science, de la santé et médecine, de l’ingénierie, et de l’environnement à l’Université de Sanford.

En effet, la pénurie de personnel n’échappe pas aux sciences des données. En misant sur l’EDI, IVADO entend recruter davantage de gens qui n’auraient jamais osé imaginer choisir cette voie professionnelle, et d’agrandir le bassin de talents. Plus de femmes, plus de minorités visibles, et plus d’autochtones. 

En ayant un milieu scientifique davantage hétérogène, les possibilités d’innovation seront grandies par l’abondance de diversité des perspectives. Des talents qui n’auraient pas accès à l’université pourront venir prêter main-forte au groupe et renforcer l’intelligence collective. 

IVADO propose, entre autres, des bourses d’études ciblées pour favoriser l’accès et la rétention des groupes sous-représentés. De plus, dès la petite enfance jusqu’au choix du domaine d’études des jeunes d’aujourd’hui, les domaines des STIM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) et des sciences des données méritent d’être connus. Tout au long de la conférence P4IE, les scientifiques insistent sur la nécessité de faire connaitre ces possibilités professionnelles aux nouvelles générations. 

Catherine Beaudry, directrice de 4POINT0, partage cette réflexion appuyée par bon nombre d’autres scientifiques gravitant dans le domaine de l’innovation, lors d’une discussion entre collègues : « Êtes-vous un·e modèle ? Pour un·e jeune entrepreneur·e ? Combien de fois avez-vous incité un·e enfant de cinq ans à suivre un programme d’études dans le domaine des STIM ? »

Les trois correctifs

Corriger le nombre de femmes et la sous-représentation ethnique et autochtone dans le domaine des sciences et de l’ingénierie. Gabrielle Langlois explique que pour augmenter la représentation et la rétention de la diversité dans l’IA, IVADO soutient des activités telles que l’Expo-sciences autochtone Québec, le Mouvement montréalais Les Filles & le code, et le Festival Eureka. 

Afin de soutenir la relève en sciences des données et palier à l’écart technologique des pays les plus pauvres, IVADO est aussi en partenariat avec l’Institut africain des sciences mathématiques « pour accueillir des étudiant.e.s à la maîtrise d’AIMS dans le cadre de stages de recherche supervisés au sein d’universités de classe mondiale basées à Montréal. »

« Corriger les institutions vise à supprimer les obstacles structurels et institutionnels à l’inclusion de ces groupes dans leur éducation et leur carrière, » éclaircit la conseillère. Pour aider à créer une IA plus inclusive, IVADO a développé de nombreux outils, tels que la formation en ligne  pour savoir « identifier et réduire les bias — préjugés inconscients — et la discrimination dans l’IA » (Bias and Discrimination in AI). 

C’est un correctif en évolution : « La première étape consiste tout d’abord à analyser nos données sur la diversité (en particulier sur la situation des groupes sous-représentés), puis à engager et à solliciter des points de vue pour comprendre les barrières et les leviers reliés aux études et aux carrières, afin de concevoir des solutions efficaces et d’atteindre nos objectifs. » 

— tiré du cadre de référence d’IVADO en matière d’EDI, 2018-2023

Le cadre de référence en matière d’EDI d’IVADO prend bonne note du Rapport Villani sur l’IA pour corriger le Savoir : « En matière d’IA, la politique d’inclusion doit revêtir un double objectif : s’assurer que le développement de ces technologies ne contribue pas à accroître les inégalités sociales et économiques; et s’appuyer sur l’IA pour effectivement les réduire ». 

Gabrielle Langlois ajoute qu’« en aidant à créer des connaissances en intelligence numérique, nous créons des opportunités de financement pour des bourses d’études telles que le Parcours Action Inclusion et participons à des projets importants, notamment la Déclaration de Montréal IA responsable, reconnue internationalement. »

Ce contenu a été mis à jour le 2023-10-27 à 21 h 41 min.