par Nicolas Sacchetti
Dre Elicia Maine, professeure W.J. VanDusen en innovation et entrepreneuriat à l’Université Simon Fraser (SFU) a érigé en 2015 un pilier pour la science vers l’entrepreneuriat en mettant sur pied le programme Invention to Innovation (i2I) qui sera offert en français à Polytechnique Montréal dès le prochain trimestre d’automne.
i2I est dédié aux étudiants·es diplômés·es en STIM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) et aux chercheurs·ses postdoctoraux qui désirent créer un impact significatif par leur recherche à travers l’innovation et l’entrepreneuriat. C’est un programme reconnu à l’international pour son caractère innovant.
En collaboration avec Mitacs, un organisme national de recherche et d’innovation, et en partenariat avec l’Université Queen’s dans l’est du Canada, et les Universités Memorial et Dalhousie dans l’Atlantique, l’i2I s’est répandu dans tout le Canada au cours des trois dernières années dans plus de 20 universités. L’organisation a cocréé une version hybride du programme à l’échelle nationale : i2I de Mitacs et SFU (Mitacs i2I Skills Training).
Ce programme sera offert en français à partir du prochain trimestre d’automne. i2I de Mitacs et SFU est sous la direction nationale de Sarah Lubik, directrice académique, et sous la direction régionale du professeur Fabiano Armellini de l’École Polytechnique de Montréal. J’ai eu l’occasion d’interviewer la fondatrice de i2I, Elicia Maine.
« Il s’agit d’étudiants·es diplômés·es, de postdocs et de membres du corps professoral, » explique professeure Maine. Ce programme interdisciplinaire et expérimental aide les scientifiques innovateurs·rices à mettre leurs idées sur le marché, en développant à la fois la personne et l’idée d’innovation, tout en abolissant les frontières entre les domaines.
Premier en son genre au Canada, le programme i2I de Mitacs et SFU offre des compétences entrepreneuriales aux chercheurs·ses dans le domaine des STIM. Des personnes comme Janis Kan. Docteure en neurosciences, elle a cofondé Dynamiris Inc. Une société qui développe un outil technologique de suivi oculaire permettant de repérer plus rapidement les patients souffrant d’un début de maladie de Parkinson. Ou Morgan Lehtinen, fondateur et PDG de Micellotech. Une start-up de technologie propre qui conçoit un filtre pour recycler les eaux usées industrielles.
L’entrepreneuriat STIM
Professeure Elicia Maine me parle des motivations qui sous-tendent l’initiative i2I : « Crois-moi, ce n’est pas rentable pour les hautes études commerciales (HEC). Ce n’est pas quelque chose que tu fais avec l’intention de créer beaucoup de revenus sur le dos de scientifiques affamés·es. Nous avons créé i2I parce que nous considérons que les universités ont l’obligation morale d’essayer d’utiliser leurs compétences en matière d’éducation et de recherche pour résoudre certains des grands problèmes du monde. »
Pour la fondatrice d’i2I, enseigner le commerce aux STIM n’est pas courant : « Ces programmes proviennent des HEC mais sont axés sur les scientifiques et les ingénieurs·es, et au niveau de l’écosystème. Et c’est inhabituel. Je pense que les recteurs·rices comprennent que c’est difficile à réaliser. C’est une vue d’ensemble et ce n’est pas à court terme ou motivé par l’argent, » poursuit-elle.
La plupart du personnel hautement qualifié poursuivent des carrières qui ne mettent pas à profit leur formation avancée. En effet, selon le rapport 2021 du Groupe d’experts sur la transition du marché du travail, un nombre stupéfiant de titulaires d’un doctorat canadien n’obtient pas d’emploi permanent ou de poste correspondant à son niveau de compétence.
L’engagement d’une vie
Elicia Maine s’est récemment vu décerner le prix Trailblazer de la pionnière en matière de politique d’innovation, lors de la Conférence sur les politiques scientifiques canadiennes (CPSC) de 2022 pour avoir fondé et développé le programme i2I.
Le Centre canadien de la politique scientifique qui organise la conférence souligne que : « La Dre Maine a reconnu les principales lacunes de notre écosystème canadien d’innovation scientifique : les chercheurs canadiens en STIM sont sous-utilisés, les percées scientifiques canadiennes sont sous-développées et les scientifiques ont besoin d’un soutien supplémentaire pour traduire les découvertes en produits et en entreprises créateurs de valeur. Ce programme nourrit un vivier de talents au sein de l’écosystème d’innovation canadien élargi et est reconnu à l’échelle mondiale en raison de son approche distincte pour libérer le potentiel d’innovation des chercheurs en STIM. »
Elicia Maine a consacré sa vie à faire en sorte que les inventeurs·rices canadiens·nes hautement qualifiés·es soient préparés·es à réussir dans un système canadien réceptif et que leurs inventions soient utilisées pour résoudre d’importants défis sociétaux. Elle a participé à tous les niveaux de l’élaboration et de l’évolution du programme i2I, notamment en l’intégrant au programme d’études de l’Université Simon Fraser, en enseignant le cours d’introduction, en recrutant et en formant des professeurs, en recueillant des fonds pour les bourses d’études, et en encadrant les étudiants·es.
Classement WURI
« Le programme i2I se classe maintenant au 1er rang mondial pour l’esprit d’entreprise, c’est-à-dire pour l’ensemble de l’écosystème. Depuis trois ans que ce classement existe, nous sommes passés du 7e rang mondial au 3e, puis au 1er, » souligne Elicia Maine. Polytechnique Montréal bénéficiera donc dorénavant de ce programme de classe mondiale.
SFU a été classée première dans le Top 50 Entrepreneurial Spirit 2022 du World Universities with Real Impact (WURI). Une organisation qui évalue les contributions réelles des universités à la société. SFU est également classée 18e dans le Top 100 Innovative Universities 2022 de WURI, entourée d’Oxford (17e) et de Cambridge (19e). Il est à noter que l’Université Queen’s est l’autre canadienne de ce Top 100. Le programme i2I contribue à la réalisation de ces objectifs dans l’écosystème de SFU Innovates.
Responsable académique i2I à Polytechnique Montréal
Le programme i2I de Mitacs et SFU à l’École Polytechnique de Montréal sera dirigé par le professeur Fabiano Armellini du département de mathématiques et de génie industriel. « Nous voulons commencer à recruter des chercheurs STIM pour ce programme d’ici mars, » me dit la professeure.
Depuis son entrée à l’université d’ingénierie en 2014, le professeur Armellini s’est impliqué dans le développement de l’esprit d’entreprise des étudiants fréquentant l’établissement. Avec l’équipe académique, ils ont élaboré un plan stratégique, créé le bureau de soutien à l’entrepreneuriat, amélioré l’offre de cours et mis en place des formations et des ateliers accessibles tant aux étudiants qu’aux entrepreneurs non affiliés à Polytechnique Montréal.
Ce contenu a été mis à jour le 2023-03-28 à 21 h 43 min.