Vers des indicateurs d’innovation régionaux

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par Nicolas Sacchetti

Dans le cadre de la série Point dancrage automne 2023, 4POINT0 a eu le plaisir de recevoir Manassé Drabo de Statistique Canada (StatCan). Il a présenté une revue de la littérature sur les indicateurs de performance des écosystèmes dinnovation, un thème clé pour 4POINT0.

En tant qu’analyste de recherche à la Division de l’analyse économique de Statistique Canada, Manassé Drabo a mené cette étude en collaboration avec la Division de linvestissement, des sciences et de la technologie (DIST) de StatCan.

Tout d’abord, M. Drabo définit l’écosystème d’innovation (ÉI) par la convergence de diverses ressources dans une région donnée, avec pour but le développement de secteurs industriels spécifiques, de technologies déterminées, et la création d’un milieu favorable à l’innovation. Ces écosystèmes sont cruciaux pour le développement économique des régions et des petites villes.

Il cite aussi Granstrand et Holgersson (2020) sur le fondement de définition du concept d’écosystème d’innovation de cette étude : « Ensemble dynamique d’acteurs, d’activités et de ressources, évoluant au sein d’institutions, qui sont importants pour la performance en matière d’innovation. »

Le cadre analytique

Manassé Drabo explique l’importance de comprendre le processus multidimensionnel. Ainsi, un cadre général est nécessaire pour mesurer l’activité des différents acteurs de cet écosystème. Pour élaborer ce cadre capable de saisir l’aspect multidimensionnel, les chercheurs ont adopté un modèle d’entrées et de sorties (Input-Output Framework, Reis A. Diego et al., 2021).

Les entrées d’innovation (Innovation Inputs) désignent les ressources nécessaires pour stimuler l’innovation au sein d’une organisation ou d’une économie. Ces entrées comprennent des facteurs relatifs à l’emploi et à la production. Leur efficacité est modulée par des conditions favorables, telles qu’un environnement économique et politique stable, ainsi que par des investissements significatifs dans des domaines clés tels que la R&D, et la formation continue des employés.

On veut trouver le cadre pour cultiver un environnement favorable pour permettre une création d’idée et d’innovation, un développement de nouvelles technologies, et une amélioration de celles déjà existantes, explique M. Drabo.

On veut essayer de voir quel est le capital humain qui permettrait de pouvoir développer de l’innovation. Il explique que la littérature démontre une corrélation positive et significative entre le niveau de diplomation et les applications des brevets. Ce capital humain doit être diversifié et instruit pour avoir un niveau appréciable d’innovation dans une région donnée.

Selon Manassé Drabo, la présence de campus universitaires et d’institutions de recherche joue un rôle essentiel dans la promotion de l’innovation en termes de recherche. L’objectif est d’identifier des milieux institutionnels qui stimulent le développement innovant. À titre d’exemple, il examine le cas d’une entreprise du secteur des hautes technologies s’engageant dans un projet d’innovation. Il interroge les obstacles institutionnels significatifs, les défis concurrentiels, le soutien des processus actuels à la création rapide d’entreprises, et l’impact de la bureaucratie sur le développement de telles initiatives.

Le chercheur indique que des mesures seront prises pour évaluer la qualité des institutions et des infrastructures, y compris la qualité de la connexion internet, un facteur crucial pour le développement de l’innovation dans les villes.

Il ajoute que, dans le contexte des conditions de marché, l’analyse se concentre sur les investissements dans les entreprises innovantes, en identifiant leur origine, publique ou privée. La dynamique entrepreneuriale, notamment la facilité d’accès au financement bancaire, est un aspect clé. La concurrence, qui tend à éliminer les entreprises moins productives, est vue comme bénéfique pour l’innovation. De plus, M. Drabo aborde le rôle des monopoles, souvent dotés de ressources importantes pour les investissements innovants. L’objectif est donc de mesurer ces différentes facettes de la dynamique du marché.

M : moyennement cité dans la littérature H : fortement cité dans la littérature

En ce qui concerne les sorties d’innovation (Innovation Outputs), elles comprennent les liens (Innovation Linkages), les productions de connaissances (Knowledge Outputs), l’emploi, et la production. 

Ce sont des mesures directes d’innovation qui peuvent avoir des impacts économiques importants. Il fait un point sur les nombreuses études qui ont démontré à travers le temps la corrélation entre l’innovation et la collaboration, et donc, les chercheurs vont observer le niveau de collaboration entre les universités et les entreprises.

Manassé Drabo explique que l’étude cite comment construire les indicateurs au niveau canadien – à quelle échelle géographique – et quelle sont les bases de données accessibles.

Croissance et efficience

Il ajoute une citation d’Acs et Armington (2004), comme quoi : « un ÉI performant permet à une économie d’assimiler ou de développer des technologies afin d’accroître la productivité industrielle. »

Intérêt public

De ce fait, les ÉI jouent un rôle clé dans la promotion de la compétitivité nationale et régionale, ainsi que dans l’innovation et la croissance, conformément au document Le plan pour l’innovation et les compétences du Canada.

Politique publique

Par la suite, l’analyste souligne l’intérêt des écosystèmes d’innovation pour les politiques publiques. Les gouvernements, à tous les niveaux, cherchent des moyens de mesurer la compétitivité et de favoriser l’innovation, l’amélioration du niveau de vie et la croissance des entreprises.

Il mentionne spécifiquement l’Initiative des Supergrappes d’innovation du Canada, qu’il définit comme des nids d’écosystème à développer pour booster l’innovation régionale.

Recommandations de la DIST

Dans la catégorie de la recherche, la DIST conseille la production de documents détaillant les indicateurs utilisés pour évaluer les écosystèmes d’innovation (ÉI). L’objectif est d’identifier clairement les différents acteurs impliqués dans ces écosystèmes, ainsi que leurs intérêts, afin de favoriser un développement plus efficace de l’innovation.

Habituellement, les données concernant l’innovation sont à un niveau provincial et national. Dorénavant, on veut avoir une lecture des performances à plus petite échelle, là où en fait naissent les idées et où les interactions sociales ont lieu.

Objectifs

Le but de cette recherche a été de trouver de nouvelles méthodes pour mesurer l’innovation. 

Critères bibliométriques

« Étant donné que c’est une revue de la littérature, on veut voir ce qui a été le plus utilisé dans celle-ci, » explique-t-il. L’équipe de chercheurs collaborant avec Manassé Drabo a parcouru 153 articles pertinents dans la littérature sur les écosystèmes d’innovation, y extrayant plus de 400 indicateurs. 

Ils ont proposé un cadre analytique adaptable au contexte de ces écosystèmes, comprenant 8 catégories d’indicateurs et 38 variables. Ce travail a également permis de discuter des défis et des implications liés à l’application du cadre analytique.

Le choix des variables a été effectué en se basant sur des critères bibliométriques, privilégiant celles qui ont été citées plus de 100 fois dans la littérature, ce qui indique leur pertinence et leur reconnaissance dans le domaine.

 

« Souvent, on a un papier, dans la littérature, qui a été cité juste deux fois, qui est récent. Qui est encore en développement, on n’a pas encore assez d’évidence sur les résultats de ce papier-là. Donc on va le mettre de côté, on va vers des papiers qui ont été éprouvé par les pairs. »

—Manassé Drabo, Statistique Canada

Contribution

Cette étude examine comment la littérature des 30 dernières années a évalué la performance des indicateurs de l’écosystème d’innovation. Elle s’appuie sur l’identification d’articles clés, sélectionnés en raison de leur influence significative, mesurée par le nombre de citations dans d’autres travaux de recherche.

La méthodologie employée propose une approche analytique quantifiable. Elle vise à développer des indicateurs capables de mesurer divers aspects de l’innovation, et de permettre une comparaison avec des régions d’autres pays. L’ambition est de déterminer la position du Canada par rapport à ces autres nations. La méthode envisage une manière de construire un index qui attribuerait des scores variés aux différentes dimensions de la mesure de l’innovation.

Cette recherche identifie également des opportunités de recherche en lien avec l’évaluation de la performance des écosystèmes d’innovation, et facilite l’analyse des écosystèmes d’innovation à des échelles géographiques plus localisées.

Revue de la littérature pertinente

Ces 9 études qui ont été faites à des échelles et des pays différents : échelle d’industrie, échelle régionale et nationale, et qui mesurent une multitude de concepts d’innovation que l’on essaie de mettre dans le cadre commun.  

Le chercheur explique qu’ils ont également exploité les travaux cités dans ces neuf études principales sur l’innovation afin de constituer une base de données exhaustive de littérature scientifique sur le sujet. Cela leur permet d’analyser en détail les indicateurs qui ont été proposés.

This content has been updated on 2024-01-12 at 10 h 02 min.